La loi EGALIM

LA LOI EGALIM : MAUVAISE SURPRISE POUR LES CONSOMMATEURS

Au matin du 1er février, les consommateurs ont découvert les répercussions de la fameuse loi alimentation (Egalim) qui doit, paraît-il, permettre une meilleure répartition de la chaîne de valeur. Pas si sûr.

Avec cette loi, les producteurs pourraient, selon les dires du gouvernement, bénéficier d’une meilleure rétribution de leur travail. En réalité, cela se traduit par une augmentation immédiate du prix de nombreux produits. Si INDECOSA CGT conçoit qu’il faille mieux rétribuer les producteurs, elle n’accepte pas que cela se fasse au détriment du pouvoir d’achat des Français. Cette fameuse théorie du « ruissellement » à destination du monde agricole fait douter les associations de consommateurs, mais également un grand nombre d’experts du secteur.

Marché de dupes Les grandes marques se frottent les mains, Coca Cola et Nutella, qui dégagent des marges substantielles en temps ordinaire, n’en demandaient pas tant. Entre janvier et février, l’augmentation des prix pour ces produits a été particulièrement forte chez Leclerc (+5,1%, Géant (+4,6%) et Intermarché (+4,4%). En effet, dans ce marché de dupes, les grands gagnants sont une fois plus les industriels et les grandes surfaces qui voient leurs marges augmenter sans que l’on ne change rien au système. La grande distribution jure, la main sur le cœur, qu’elle va prendre des mesures énergiques pour garantir au consommateur un impact moindre sur le prix ! Le remède miracle serait, selon elle, la marque distributeur (MDD) qui ne serait pas touchée par l’obligation de faire 10% de marge minimum. C’est un numéro d’illusionniste puisqu’une bonne partie des MDD sont fabriquées sur les mêmes chaînes que celles des grandes marques. C’est notamment le cas de la mise en boîte de beaucoup de produits de consommation courante, les fruits et légumes. Ainsi, un grand groupe comme Bonduelle, qui fait près de 3 milliards de chiffres d’affaires annuel, conditionne très souvent les mêmes produits sur les mêmes chaînes avec des étiquettes différentes. Autrement dit, nous achetons sans le savoir des produits qui viennent de la même usine sous une marque différente et à un prix différent.

Opacité des prix Pour INDECOSA CGT, cette loi n’est qu’un texte trompeur qui ne répond pas du tout à l’exigence de la juste rémunération du travail des producteurs dans notre pays. La TVA est, comme chacun sait, l’impôt le plus injuste qui soit : un allocataire au RSA va ainsi payer en proportion le kilogramme de farine plus cher que messieurs Bolloré ou Pinault. Mais sur ce sujet, le gouvernement ne dit rien. Parmi les pistes à explorer figure l’application, pour les produits de première nécessité, d’une TVA à 0%. Aucune mesure n’est prévue pour la transparence des prix, alors que nous avons, paraît-il, un observatoire des prix et des marges dont le fonctionnement est souvent entravé par le manque de volonté des distributeurs de fournir suffisamment de données fiables.

Enfin, pourquoi ne pas remettre en place un affichage clair mentionnant la part réelle qui revient au producteur ? Ne faudrait-il pas revenir à un encadrement plus strict des prix de certaines denrées, dites vitales ou sensibles, plutôt que de maintenir l’ordonnance de 1986 qui généralise la liberté des prix sur la consommation. Enfin, il faudrait renforcer les contrôles auprès des professionnels. Pour cela, il convient d’augmenter les effectifs de la DGCCRF, au lieu les réduire, et recruter des agents pour assurer une véritable police économique. Nous savons d’expérience (à travers différents scandales : Lactalis, dieselgate, chevalgate…) qu’on ne peut s’en remettre aux pseudos bonnes intentions des industriels et des distributeurs.

Arnaud FAUCON Secrétaire National INDECOSA CGT

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