Un peu d’histoire pour rappeler que la lutte est un éternel recommencement.
Les logements sont petits, insalubres, dépourvus de tout élément de confort. La situation a été aggravée par les travaux du baron Haussman qui ont livré le centre de Paris à la spéculation et rejeté les couches populaires vers les arrondissements périphériques.
Pendant le Second Empire, les loyers ont plus que doublé. Les salaires sont très loin d’avoir évolué dans les mêmes conditions. La guerre et l’encerclement de Paris par les Prussiens ont aggravé la situation. La plupart des ouvriers se retrouvent au chômage.
L’une des premières mesures de l’assemblée à majorité royaliste, élue en février 1871 et qui s’est installée à Versailles, est de mettre fin au moratoire sur les loyers décidé par le gouvernement en septembre 1870. Ces dispositions, parmi d’autres, vont provoquer l’insurrection du 18 mars 1871 et l’élection de la Commune, laquelle décrète aussitôt le rétablissement du moratoire sur les loyers. Cette mesure est appréciée comme il se doit par les prolétaires parisiens. Dans la foulée, la Commune décide de réquisitionner les logements abandonnés par leurs propriétaires pour y loger les Parisiens dont les maisons ont été détruites par les bombardements versaillais.
Comment ne pas faire le parallèle avec la situation d’aujourd’hui, caractérisée par le manque de logements sociaux et l’exil des populations modestes vers des banlieues lointaines ? Des jeunes, des adultes, des personnes âgées sont obligés de vivre en hiver sous des tentes. Des familles doivent s’entasser dans des immeubles insalubres, à la merci d’incendies meurtriers. Celles qui ne peuvent pas payer leur loyer sont jetées à la rue. En regard de ces situations, les mesures énergiques adoptées par la Commune en 1871 apparaissent d’une incroyable modernité et marquées du sceau du bon sens et de la plus élémentaire justice.
Certes, à temps nouveaux, solutions nouvelles. Mais dans le domaine du logement comme dans beaucoup d’autres, il y a des leçons à puiser dans les exemples de la Commune.
Par Yves Lenoir, journaliste, Vendredi, 26 Septembre, 2008