La fast-fashion

Quelles incidences sur les travailleurs et la planète?

 

Acquérir toujours plus de vêtements, acheter au moindre prix des produits de qualité médiocre, adapter sans cesse sa garde-robe à une mode changeante, voici ce que les marques de la fast-fashion nous incitent à faire continuellement. Selon une étude publiée par l’Ademe, les Français achèteraient en moyenne 9,2 kilos de textile et chaussures par an, alors qu’ils n’en trient et recyclent que 3,2 kilos. Globalement, les Européens jettent 4 millions de tonnes de vêtements chaque année. Les conséquences de cette surconsommation sont redoutables sur plusieurs plans.

 

Conditions sociales indignes

Il faut savoir que pour nous proposer des tee-shirts à 5 euros, les industriels les font fabriquer dans des pays où les salaires ne permettent pas aux travailleurs de vivre décemment et où les conditions de travail sont indignes. Un exemple : selon l’Australian Strategic Policy Institute (ASPI), plus de 80 multinationales, dont beaucoup du secteur de la mode, profitent de manière directe ou indirecte du travail forcé des membres de la communauté Ouïghours mis en place par les autorités chinoises. À ce sujet, une plainte a été déposée en France, le 9 avril dernier, notamment par trois ONG, dont « Éthique sur l’étiquette », contre quatre géants de l’habillement. D’autre abus sont régulièrement constatés au Bangladesh, au Pakistan, en Turquie…

 

Deuxième industrie la plus polluante

Sur le plan environnemental, ensuite, les conséquences sont désastreuses. La culture intensive du coton, par exemple, telle que pratiquée en Inde ou en Chine, premiers producteurs mondiaux, est une des plus polluantes. Les fibres synthétiques dérivées du pétrole ne sont pas mieux. La fabrication des vêtements, avec les traitements successifs des textiles et les milliers de kilomètres qu’ils nécessitent d’une étape à une autre, représente la deuxième industrie la plus polluante au monde, derrière la pétrochimie. Polluantes aussi sont nos façons de vider nos armoires, lorsque nos habits devenus déchets sont enfouis ou incinérés.

 

Entre écoresponsabilité et Greenwashing

Heureusement, une prise de conscience s’opère chez un nombre croissant de consommateurs. Moins acheter mais de meilleure qualité, choisir des produits éthiques, opter pour la seconde main, réparer ou recycler, troquer, sont des alternatives qui se multiplient. Face à la demande d’une autre consommation, certaines entreprises commencent aussi à modifier leur process de fabrication : matières bio, écoresponsables ou recyclées, teintures sans substances nocives, fabrication locales, production éthique… Des matières premières jusqu’aux emballages, des solutions se mettent lentement en place par quelques trop rares marques. Des enseignes de la fast-fashion parmi les plus connues se contentent, quant à elles, de pratiquer surtout le « Greenwashing ».

Michèle Berzosa pour « Ensemble » journal syndical CGT

 

L’avis d’Indecosa-CGT

Indecosa-CGT est membre du collectif « Éthique sur l’étiquette« . Par la médiatisation notamment, ce collectif fait pression sur les marques afin qu’elles ouvrent les yeux sur les pratiques indignes de leurs fournisseurs et prennent des mesures concrètes contre l’exploitation des travailleurs dans le monde. Le collectif agit aussi sur le plan juridique afin qu’un cadre règlementaire s’impose au niveau national ou international. De son côté, Indecosa alerte les consommateurs par exemple sur le Greenwashing des entreprises et, à travers ses colloques, développe la réflexion et l’information sur le travail des enfants ou sur le respect des droits fondamentaux au travail.

 

Paru dans « Ensemble » journal des syndiqués CGT.

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