Viande ovine : défendre les éleveurs et éleveuses d’ovins face aux importations néozélandaises
Le débat autour des accords de libre-échange est crucial pour l’avenir de nos fermes et de nos territoires. Nous nous réjouissons qu’il resurgisse fortement dans le débat public à la faveur du vote du Sénat contre la ratification du CETA, l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Canada.
L’adoption d’un nouvel accord Union européenne – Nouvelle-Zélande fin 2023 va créer un appel d’air supplémen- taire à l’importation de volumes significatifs de viande ovine, de produits laitiers et de viande bovine. Ce nouvel accord est un véritable danger pour l’élevage ovin français. En effet, il met très directement en concurrence les éleveur·euses d’ovins français·es et européen·nes avec les éleveur·euses néo-zélandais·es qui bénéficient de conditions de productions très différentes. A partir du 1er mai, de manière criminelle, un contingent avec droits de douane nuls de 38 000 tonnes équivalent carcasse de viande ovine s’ajoutera progressivement au contingent déjà existant de 125 769 tonnes !
La filière viande ovine est frappée de plein fouet par le libre-échange. C’est un secteur abandonné depuis long- temps par les politiques commerciales, dont le revenu moyen est parmi les plus faibles du secteur agricole. Les perspectives d’installation dans la filière ovine s’en trouvent gravement assombries. Il est en effet impossible de garantir des prix rémunérateurs durables face à une telle concurrence déloyale d’importations à bas prix. De fait, la production française de viande ovine couvre seulement 46% de la consommation nationale. Quelle absurdité d’importer de l’autre bout de la planète des agneaux qui pourraient être produits localement ! Reconquérir notre souveraineté alimentaire est pourtant un enjeu majeur en viande ovine.
Alors que le principal pic d’importation d’agneaux néo-zélandais est observé autour de Pâques, le réseau de la Confédération paysanne se mobilise dans plusieurs régions cette semaine pour défendre la production de viande ovine locale.
Nous revendiquons :
- La sortie immédiate de l’accord UE-Nouvelle Zélande et du CETA et l’arrêt des négociations d’accords de libre-échange, notamment avec le Mercosur, l’Australie, le Chili, le Kenya…
- L’interdiction de l’achat de nos produits agricoles en dessous de nos prix de revient (=coût de
production incluant la rémunération de notre travail et notre protection sociale). - Des prix minimum d’entrée sur le territoire national fixés à la hauteur de nos prix de revient, pour
neutraliser la concurrence déloyale.
Pour la Confédération paysanne, cette orientation néolibérale et cette course à la compétitivité sont néfastes pour l’ensemble des paysan·nes français et du monde, que leur production soit exportatrice ou importatrice nette. Rompre avec le libre-échange nécessite de sortir de la rhétorique de « gagnants » et de « perdants », qui entérine l’idée que des territoires et secteurs agricoles entiers servent de monnaie d’échange dans ces accords de libre-échange. Pour assurer un avenir désirable pour les éleveur·euses d’ovins, nous avons besoin d’une réelle protection économique et sociale de notre revenu contre la concurrence déloyale.
Communiqué de presse
Le Cannet des Maures, le 2 avril 2024
Contacts :
– Sylvain Apostolo, porte-parole de la Confédération Paysanne du Var 06 23 68 34 33
– Claire Guyat, éleveuse à la Confédération Paysanne du Var 06 98 57 01 23